Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 10:44

Pôle Emploi : après les CDD et les contrats aidés, les jeunes volontaires en service civique ?

  

Personne n'y avait encore pensé ! François Davy a pondu un rapport où il expose cette idée originale et pas chère pour pallier au manque de personnel dans les agences.

Dans un document remis début avril au ministre du Travail et intitulé “Sécuriser les parcours professionnels par la création d’un compte social universel”, François Davy (ex-patron du leader de l'intérim Adecco devenu président du groupe immobilier Foncia, qui a bien failli succéder à Christian Charpy à la direction générale de Pôle Emploi) avance 13 propositions qualifiées par certains de «big bang». Au menu, «un bouleversement complet du paysage de la formation, de l'accompagnement des demandeurs d'emploi, et même du suivi des compétences des salariés en poste»...

Pour les curieux, le rapport Davy à télécharger en pdf.

Une mission "occupationnelle" ?

L'économiste Michel Abhervé n'a pas manqué de l'éplucher. Et son analyse est cinglante. «A la lecture de ce rapport, écrit-il, nous restons très interrogatifs tant il comporte d’erreurs, d’affirmations non fondées, de propositions qui sont déjà en application, d’incohérences, d’évidences… et quelques impasses, au point que nous avons l’impression que, loin de traduire un big-bang de la formation comme le déclaraient les analyses préalables à la publication, il traduit plutôt un big-bang dans la tête du rapporteur qui n’a pas réussi à maitriser le sujet.» Et de citer de nombreux exemples l'amenant à conclure au total manque de sérieux de ce travail.

On ne sait pas ce qu'a voulu faire Xavier Bertrand en missionnant François Davy sur ce thème. Ou il s'est lourdement trompé sur le choix du bonhomme, ou il a voulu le consoler de la nomination de Jean Bassères à la tête de Pôle Emploi en lui confiant une activité occupationnelle grassement rémunérée. Ou les deux.

Le service civique, outil de substitution à l'emploi salarié

Révélatrice d'une tendance lourde, une des propositions de François Davy avance que, «pour traiter partiellement la question du manque de ressources, Pôle Emploi pourrait être renforcé de volontaires du service civique. Destiné aux jeunes de 16 à 25 ans, l’objectif du service civique est de mobiliser la jeunesse face à l’ampleur de nos défis sociaux et environnementaux : l’emploi doit figurer parmi les missions du service civique».

Selon lui, après avoir usé et abusé de contrats aidés jetables et de CDD qui commencent à lui coûter cher, Pôle Emploi devrait donc faire appel à ce nouvel outil de substitution à l'emploi salarié (nettement moins risqué), destiné à une jeunesse aussi désœuvrée que «volontaire» (quand on n'a pas le choix, on le devient) dans un pays où l'ascenseur social est en panne. Et tant pis pour les agents Pôle Emploi, déjà débordés, qui devront coacher cette main d'œuvre débutante.

La normalisation de l'emploi bradé

Le service civique, compromis entre le stage en entreprise et le petit boulot en CUI-CAE, énième faux tremplin vers une intégration professionnelle, a été créé en mars 2010 sous la houlette de Martin Hirsch, grand spécialiste de l'emploi bradé. Ce dispositif consiste à faire travailler «de façon désintéressée» des jeunes, diplômés ou non, entre 6 et 24 mois, de 24 à 48 heures par semaine dans une association ou une collectivité publique pour un tarif très concurrentiel : un fixe de 442 € versé par l'Etat + 100 € versés par la structure d'accueil pour les frais de transport, logement et nourriture. Une bourse pourra s'ajouter à cette indemnité en cas de difficultés financières ou d'éloignement important. Au total, selon les situations, les signataires perçoivent entre 542 € et 641 € par mois. Enfin, le service civique n'étant pas un emploi salarié, il n'ouvre pas droit au chômage; par contre, il ouvre des droits à la Sécurité sociale et valide des trimestres pour la retraite, c'est déjà ça...

Tel est le pansement sur une jambe de bois imaginé par François Davy ! Qu'on se rassure : ce rapport "occupationnel" n'a aucune chance de servir — encore un rapport pour rien, et encore de l'argent foutu en l'air — mais il est révélateur d'un dangereux état d'esprit qui fait, depuis 40 ans, son chemin dans le monde du travail et la société toute entière. Par devant, on y encense la «valeur travail»; par derrière, réduit à un vulgaire «coût» qu'il faut rogner au maximum, le travail est de plus en plus dévalorisé. On n'en est pas encore à faire trimer les gens contre un bol de riz, mais c'est l'objectif.

SH
Partager cet article
Repost0
24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 09:49

<!-- /* Font Definitions */ @font-face {font-family:Wingdings; panose-1:5 0 0 0 0 0 0 0 0 0; mso-font-charset:2; mso-generic-font-family:auto; mso-font-pitch:variable; mso-font-signature:0 268435456 0 0 -2147483648 0;} @font-face {font-family:Webdings; panose-1:5 3 1 2 1 5 9 6 7 3; mso-font-charset:2; mso-generic-font-family:roman; mso-font-pitch:variable; mso-font-signature:0 268435456 0 0 -2147483648 0;} @font-face {font-family:Georgia; panose-1:2 4 5 2 5 4 5 2 3 3; mso-font-charset:0; mso-generic-font-family:roman; mso-font-pitch:variable; mso-font-signature:647 0 0 0 159 0;} /* Style Definitions */ p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal {mso-style-parent:""; margin:0cm; margin-bottom:.0001pt; mso-pagination:widow-orphan; font-size:11.0pt; font-family:Georgia; mso-fareast-font-family:"Times New Roman"; mso-bidi-font-family:"Times New Roman"; mso-fareast-language:EN-US;} p.MsoFooter, li.MsoFooter, div.MsoFooter {mso-style-link:" Car Car2"; margin:0cm; margin-bottom:.0001pt; mso-pagination:widow-orphan; tab-stops:center 8.0cm right 16.0cm; font-size:11.0pt; font-family:Georgia; mso-fareast-font-family:"Times New Roman"; mso-bidi-font-family:"Times New Roman"; mso-fareast-language:EN-US;} a:link, span.MsoHyperlink {color:blue; text-decoration:underline; text-underline:single;} a:visited, span.MsoHyperlinkFollowed {color:#606420; text-decoration:underline; text-underline:single;} span.CarCar2 {mso-style-name:" Car Car2"; mso-style-locked:yes; mso-style-link:"Pied de page"; mso-ansi-font-size:11.0pt; mso-bidi-font-size:11.0pt; font-family:Georgia; mso-ascii-font-family:Georgia; mso-hansi-font-family:Georgia; mso-ansi-language:FR; mso-fareast-language:EN-US; mso-bidi-language:AR-SA;} span.Lienhypertexte1 {mso-style-name:"Lien hypertexte1"; color:blue; text-decoration:underline; text-underline:single;} @page Section1 {size:595.3pt 841.9pt; margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt; mso-header-margin:35.4pt; mso-footer-margin:35.4pt; mso-paper-source:0;} div.Section1 {page:Section1;} -->

POLITIQUE DE L’AUTRUCHE
A POLE EMPLOI

                                                                                                                                                             

 

FUTUR SITE DE CAHORS

 

Nous avions demandé à avoir l’orientation géographique du plan…dans cette nouvelle version  la direction a indiqué le Nord avec un grand N en caractère gras. L’intervention du médecin du travail de Cahors fut instructive et pleine d’à propos :

Il s’étonna que la Direction confonde le Nord avec l’Est…

 

Confirmation est faite que notre direction a perdu son sens de l’orientation et sa boussole. C’est dire la légèreté avec laquelle la Direction traite nos demandes pourtant basiques.

Mais le constat du Médecin ne s’arrête pas là. Son ton devient plus grave à l’évocation des conditions de travail générées par les choix architecturaux, les aménagements intérieurs et donc l’organisation spatiale du travail.

 

Il explique clairement que ce type d’organisation, sans bureaux personnels, sans prise en compte du bruit et de la nécessaire confidentialité « génère des conditions pathogènes ». L’organisation du travail ainsi proposée est « délétère ». « Elle a déjà été analysée et jamais approuvée !! ». Il alerte Pole Emploi sur les risques à imposer ce modèle d’aménagement. Il évoque la similitude avec la configuration Open Space de Renault Billancourt qui a eu pour conséquence des vagues de suicides. Il invite le Président du CHSCT à consulter le site IPRP (Intervenants en Prévention des Risques Professionnels) où cette démonstration est faite.   

 


Il préconise des portes à tous les bureaux avec un système de double cloison. Il rappelle très exactement les normes d’isolation phonique, « car les usagers ne se livrent pas, quand tout peut s’entendre ». Il remarque que, seulement 6 fenêtres vont éclairer normalement le site, ce qui est insuffisant. Il prévient encore l’établissement des conséquences négatives sur la santé des agents d’une carence d’éclairage naturel.

 

Réponse du Président du CHSCT : c’est le référentiel immobilier national qui s’impose partout. Il va faire remonter au National les observations du Médecin et rajoute que les conditions de travail de Cahors « même si elles sont améliorables, sont plutôt confortables».

Donc, selon l’établissement, les conditions de travail se résument au nombre de mètres carrés.

 

 Le bureau destiné au visioguichet sera au bureau 10 au lieu des bureaux 2 et 3, car, sur les conseils de l’architecte, l’isolation phonique sera  plus efficace à cet endroit.

 

Résultats du recueil d’avis :

3 votes contre et 3 refus de vote dont SUD en réaction au refus de la Direction de mettre des portes aux bureaux des conseillers.

 

LE SITE DE SAINT GAUDENS

 

Résultats : 3 avis défavorables et 3 refus du vote dont SUD pour les mêmes raisons que Cahors.

Réaction à chaud du Président qui nous alerte sur nos avis négatifs, car des investisseurs attendent les constructions de Pole Emploi.

Nous lui rappelons que la vocation d’un CHSCT n’est pas de défendre les intérêts des promoteurs investisseurs immobiliers, mais bien les conditions de travail des collègues. 

 

PRESENTATION DU DOCUMENT UNIQUE

 

La Direction nous remet en cours de séance une jolie petite clef USB toute neuve où sont concentrés tous les documents uniques des sites de la région. Charge à vos élu-e-s d’en prendre connaissance, alors que d’après le Code du Travail, ils doivent être présentés au CHSCT. Nous le ferons de toute façon.

 

La vocation d’un document unique (DU) est de lister tous les risques d’incidents et d’accidents potentiels sur un site et d’y proposer des solutions d’action et de prévention.

Ce DU doit être revu a  minima tous les ans et corrigé autant de fois que nécessaire.

Le CHSCT peut y être associé ainsi que les agent-e-s.

 

Vous a-t-on demandé votre avis quand le chargé de sécurité est passé sur votre site pour mettre le DU à jour ?  Est-ce que, lors d’une réunion de service d’un Jeudi après-midi, vous avez été invité-e-s à réfléchir ensemble sur ce que vous avez identifié comme nuisible et dangereux pour votre travail, autant sur le plan physique que mental, comme un accès non privatif au parking, absence d’ARC à l’accueil, climatisation ou système de chauffage défectueux, agressions verbales, physiques….?

 

Nous savons que la réponse est NON !!

 

De toute façon, la rapidité avec laquelle la Direction régionale a effectué cette tâche prouve qu’il s’agissait d’expédier cette obligation légale au plus vite. L’intérêt des investisseurs cités plus haut, semble primer sur notre sécurité et bien être au travail…

 

Sur ce point, le Médecin du Travail est également intervenu pour éclairer la lanterne de la Direction et lui faire retrouver du bon sens…

Il conseille d’améliorer la grille d’évaluation des risques de Pole Emploi qui est « restrictive ». Son amélioration permettra une analyse plus fine des évènements. Il conseille également, d’y intégrer les critères «remèdes » et « délais  de résolution ». Le DU doit être modifié au fur et à mesure des survenances d’incidents ou  accidents et de leur gravité. Ce n’est pas un outil figé à réviser une seule fois par an, mais perfectible. « C’est ce qui se fait dans les entreprises,  habituellement ».

 

Le Médecin conseille aussi d’intégrer le risque social au DU pour que l’absorption de la souffrance des usagers  par les conseillers soit prise en compte. Il ajoute « qu’il est nécessaire que la Direction de PE aborde sereinement les risques psycho-sociaux comme les autres risques.»

 

Nous rappelons à la Direction nos nombreuses interventions en ce sens, que la Direction a toujours refusé d’entendre.

 

« C’est la politique de l’autruche, je ne le vois pas, donc il n’existe pas ! » dixit le médecin.

 

En conclusion, cette séance fut très houleuse et tendue avec des propos menaçants de la part du Président contre certain-e-s élu-e-s et même auprès du médecin.

«  Il faut faire attention à ce que l’on dit, Docteur !! ».

Le Président a même escamoté les réponses aux questions diverses, se contentant de les renvoyer vers son service qui nous répondront par écrit.

 

Comme quoi, c’est dur d’entendre la souffrance des autres !!!

 

 

 

 

 

Vos élu-e-s CHSCT : Evelyne Dioumassi, Jean-Noel Verrier , Ghislain Lorenzi

Partager cet article
Repost0
24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 09:27
Les salariés proches d'un syndicat ont boudé Sarkozy

43% des travailleurs se déclarant proches d'une confédération ont voté pour François Hollande.

Par LUC PEILLON

Après des semaines de syndicat-bashing, Nicolas Sarkozy ne pouvait pas en attendre moins : les salariés se déclarant proches d’une confédération ont largement boudé le Président de la République. En moyenne, selon l’enquête réalisée par Harris interactive pour Liaisons Sociales / Viadeo (1), ils ont voté, dimanche, à 43% pour François Hollande (contre 28,6% pour l’ensemble de la population), à 19% pour Jean-Luc Mélenchon (contre 11%), à 14% pour le Chef de l’Etat (contre 27%), et à 12% pour Marine Le Pen (contre 18%).

 

Une moyenne qui, cependant, cache de fortes disparités suivant les organisations. Sans grande surprise, les salariés proches de la CFDT sont ceux qui ont le plus voté Hollande (56%), puis Sarkozy (15%), Le Pen (12%) et Mélenchon (6%). A la CGT, Hollande est encore devant (44%), mais talonné par Mélenchon (39%). Les cégétistes ne sont en revanche que 9% à avoir glissé un bulletin Le Pen, le plus bas taux des cinq principales confédérations, et encore moins nombreux (1%) à avoir choisi Sarkozy. Pas étonnant, après les attaques de ces dernières semaines du Chef de l’Etat contre la centrale de Montreuil.

 

Chez Force Ouvrière (FO), les choses sont un peu différentes : à 28%, les salariés s’en déclarant proches ont certes choisi François Hollande en premier, mais aussi, et juste derrière, Marine Le Pen (25%), soit un taux supérieur de 7 points au reste de la population. Nicolas Sarkozy, lui, n’a séduit que 15% des travailleurs sensibles aux positions de FO, devant Jean-Luc Mélenchon (13%). Quant aux salariés proches de la CFTC et de la CGC, ils ont préféré majoritairement le Président sortant (respectivement 42% et 53%), puis Hollande (20% et 24%), et enfin Marine Le Pen (15% et 11%).

 

A noter, enfin, que les salariés se déclarant proches d’aucun syndicat ont privilégié Nicolas Sarkozy (32%), puis François Hollande (23%), Marine Le Pen (22%), François Bayrou (11%), et enfin Jean-Luc Mélenchon (7%)

(1)Enquête réalisée en ligne dimanche 22 avril 2012 en journée. Echantillon de 2935 inscrits sur les listes électorales, issu d’un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, à partir de l’access panel Harris Interactive.

 

Liberation.fr, lundi 23 avril 2012

Partager cet article
Repost0
24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 09:11
Les salaires du privé en chute libre en Grèce

 

La dérégulation du marché du travail en Grèce lancée dans le cadre des mesures d’austérité a déjà conduit à des baisses salariales en rafale dans le privé, selon un état des lieux dressé par l’Inspection du travail, présenté lundi par l’agence de presse grecque Ana.

 

L’inspection du travail a recensé depuis février la signature de 33 133 contrats individuels dans 7 800 entreprises, consacrant des baisses variant de 22% à 28%, selon l’Ana.

Patronat et employés ont aussi signé depuis février 171 conventions d’entreprises, contre seulement 65 pour les cinq mois précédents. Concernant 4 500 salariés, ces conventions qui prévalent désormais sur les accords de branche imposent des coupes s'établissant dans une fourchette de 22% à 40%.

 

L’Inspection du travail a rendu publiques ces données à l’approche de l’expiration, le 14 mai, du délai pour la signature de nouvelles brèches conventions sectorielles.

En cas d'échec des négociations, le patronat pourra imposer la suppression de la plupart des acquis salariaux, ce qui selon les experts se traduirait par des baisses de 15 à 20% pour les employés concernés. Les représentants des supermarchés et des hôteliers ont déjà manifesté leur intention de s’engouffrer dans la brèche.

En cas d’accords individuels, les réductions pourront être encore plus radicales, jusqu'à 40%, avec un alignement sur le salaire minimum garanti au niveau national. Ce dernier a été amputé du 22%, à 586 euros brut sur 14 mois en février, lors du dernier durcissement en date de la politique d’austérité dictée à la Grèce sur endetté par ses bailleurs de fonds de l’UE et du FMI.

 

Ces derniers plaident régulièrement pour un nivellement par le bas des coûts salariaux, censé selon eux redonner de la compétitivité à l'économie grecque qui s’enfonce dans sa cinquième année consécutive de récession.

 

Liberation.fr, lundi 23 avril 2012

Partager cet article
Repost0
10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 14:29
Comment Larcher pense doubler en deux ans le nombre de chômeurs formés
Ecrit par
Derek PERROTTE

 

Ce n'est pas la « réforme radicale » à laquelle il aspire. Mais Nicolas Sarkozy dispose, avec le rapport sur la refonte de la formation professionnelle remis jeudi par le sénateur UMP Gérard Larcher, de premières pistes de travail pour renforcer la formation des demandeurs d'emploi, un des axes centraux de son programme de campagne.

 

Le rapport propose un « contrat formation emploi » liant les chômeurs dans l'impasse et Pôle emploi pour la mise en oeuvre d'une formation « correspondant à des emplois disponibles ou à des potentialités d'emplois ». Le chômeur serait ensuite tenu d'accepter les offres de poste correspondantes « dans son bassin d'emploi ou un bassin voisin ». En cas de refus, il serait radié de Pôle emploi. Nicolas Sarkozy évoque cette sanction dès le premier refus, mais Gérard Larcher propose de ne radier qu'au troisième refus. La loi le prévoit déjà mais n'est pas appliquée. Si le chômeur ne trouve pas d'emploi faute d'offres, ses droits à indemnisation doivent être rallongés de tout ou partie de la durée de formation, précise le rapport.

 

Pour remettre de l'ordre dans un système dont l'efficacité pâtit de la multiplication des gestionnaires de fonds, Gérard Larcher juge essentiel de développer « une démarche de territorialisation commune entre l'Etat, les régions, les départements et les partenaires sociaux ». Objectif : rationaliser, gagner en réactivité et faire coller les formations aux besoins de chaque bassin d'emploi. Selon lui, ces seules mesures permettraient de doubler en deux ans, à budget constant, le nombre de chômeurs bénéficiant de formations, dont la proportion est aujourd'hui estimée à 10 %. C'est moins ambitieux, mais plus réaliste, que le « droit à la formation pour tous les chômeurs » que promet Nicolas Sarkzoy.

Inefficacité du CIF et du DIF

La même quête de rationalité doit s'appliquer aux 160.000 jeunes qui quittent chaque année l'école sans diplôme : le rapport propose de coordonner les dispositifs existant en un « pacte de réussite professionnelle » axé sur des formations « qualifiantes et certifiantes ». Ce PRP serait piloté par les régions et proposé par les missions locales et Pôle emploi.

 

Côté entreprises, le rapport propose de « supprimer la contribution relative au plan de formation » (0,9 % de la masse salariale), sauf dans les TPE. Ce dispositif, basé sur le « former ou payer », « n'est plus adapté » et débouche sur « une mutualisation inversée : les salariés les moins qualifiés accèdent peu à la formation, tandis que les petites entreprises sont obligées de supporter une partie importante du coût des formations, sans y avoir accès ».

 

Côté salariés, il déplore l'inefficacité des dispositifs de droit à la formation (CIF et DIF) et propose de lancer des négociations interprofessionnelles sur la création d'un « compte individuel de formation ». Les salariés, en poste comme en cas de chômage, pourraient l'activer « pour le financement d'une formation, d'un bilan de compétence... ». Ce compte pourrait être financé via des heures de DIF non utilisées, des congés RTT ou de l'épargne salariale, énumère le rapport.

DEREK PERROTTE, LesEchos.fr, 10 avril 2012
Partager cet article
Repost0
10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 11:58

 

 

Sony va supprimer 10.000 postes dans le monde

AFP

Mis en ligne le 09/04/2012

 

Le géant japonais de l'électronique Sony va réduire ses effectifs de 10.000 personnes dans le monde d'ici à la fin de l'année, du fait de la restructuration de plusieurs activités, a affirmé lundi le quotidien économique japonais Nikkei.

Le cas échéant, cette diminution correspondra à environ 6% du personnel total employé par Sony à fin mars 2011 (168.200 salariés). Lors d'une table-ronde il y a quelques semaines, le nouveau PDG de Sony, Kazuo Hirai, avait indiqué qu'il fallait s'attendre à des décisions de cette nature, compte tenu de la nécessité de redresser le groupe qui redoute une perte nette annuelle de 220 milliards de yens (plus de 2 milliards d'euros) et un déficit d'exploitation de 95 milliards de yens (900 millions d'euros) pour l'exercice clos le 31 mars dernier.

 

La moitié des postes en voie de réduction au Japon et à l'étranger découlera de la cession d'activités, a précisé le Nikkei, le reste résultant notamment de la nécessité de réduire les frais fixes.

Sony a décidé récemment de céder une filiale de produits chimiques qui fabrique des matériaux adhésifs ainsi que des films et disques optiques.

 

Le transfert est prévu au cours du dernier trimestre 2012.

Sony avait déjà durement souffert à la suite de la crise financière internationale de 2008-2009, supprimant alors plus de 16.000 emplois dans le monde et fermant plusieurs usines pour confier davantage de tâches à des sous-traitants.

 

Lalibre.be,

Partager cet article
Repost0
10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 11:47
A Naples, l’enfance est au travail
30 mars 2012
Le Monde 
  •  

Naples. Un enfant de 12 ans dans le garage où il travaille.

Naples. Un enfant de 12 ans dans le garage où il travaille.

 

Mario Spada/prospekt - Le Monde

Dans cette ville parmi les plus pauvres d’Europe, des milliers d’enfants quittent l’école pour aider leurs parents à joindre les deux bouts. Ils font des petits boulots au noir ou sont recrutés par la mafia pour ses basses oeuvres. Un phénomène que la crise a accentué. Extraits.

Sept heures du matin, San Lorenzo, au coeur de Naples. Un gamin se faufile dans le labyrinthe des ruelles humides, une lourde caisse de conserves à bout de bras. Survêtement délavé, capuche sur la tête et baskets défoncées, le petit Gennaro commence sa journée de travail.

Personne ne s'étonne de le voir trimer de si bonne heure. En septembre 2011, Gennaro a été embauché dans une épicerie. Six jours sur sept, dix heures par jour, il garnit les étals, décharge des caisses et livre les courses dans le quartier.

 

Gennaro rêvait de devenir informaticien, il est commis de boutique, le métier le plus répandu chez les enfants travailleurs de Naples. Il travaille au noir, à moins de 1 euro de l'heure, et gagne, au mieux, 50 euros par semaine. Gennaro vient d’avoir 14 ans.

Jamais Paola Rescigno, la mère de Gennaro, n'aurait cru devoir le priver d'école un jour. Depuis vingt ans, elle habitait avec son mari un 35 mètres carrés dans une arrière-cour du quartier de San Lorenzo, le plus obscur du centre de la ville.

 

Puis le père est mort, emporté par un cancer foudroyant. Paola Rescigno vit désormais d'expédients. Elle a organisé une mini-entreprise de nettoyage d'immeubles et partage le travail avec les autres chômeuses du quartier. Elle gagne 45 centimes d'euros de l'heure, 35 euros par semaine, moins que le salaire de son fils.

A 10 ans, les enfants travaillent 10 heures par jour

C'est elle qui, chaque matin à l'aube, réveille Gennaro pour qu'il arrive à l'heure à l'épicerie. Sa fille cadette a 6 ans, alors il a fallu choisir: "Je n'ai pas les moyens de payer les livres des deux. C'était soit l'un, soit l'autre." Sur la table de la cuisine, un "pain de huit jours", une boule de 3 kg, du seigle fade, qui se conserve longtemps et ne coûte que 5 euros. Le produit phare des années de famine de l'après-guerre italien.

A Naples, des milliers d'enfants comme Gennaro sont mis au travail. Ils sont 54 000 dans toute la Campanie, la région de Naples, à avoir quitté le système scolaire entre 2005 et 2009, selon un rapport alarmant publié en octobre 2011 par la mairie ; 38 % d'entre eux auraient moins de 13 ans.

 

Commis de boutique, garçons de café, livreurs à la petite semaine, apprenties coiffeuses, petites mains dans les peausseries de l'arrière-pays et les maroquineries de grandes marques, "hommes à tout faire" sur les marchés, ils sont partout, visibles, travaillant au grand jour, dans l'indifférence quasi générale.

 

"Certes, nous avons toujours été la région la plus pauvre d'Italie. Mais là, c'est du jamais-vu depuis la fin de la seconde guerre mondiale", dit Sergio d'Angelo, adjoint à la mairie de Naples. "A 10 ans, ces gosses travaillent déjà douze heures par jour, un véritable déni de leur droit à grandir." Les parents vivent dans l'illégalité et les service sociaux peuvent à tout moment placer leur enfant en famille d'accueil.

 

La crise italienne est passée par là. Depuis 2008, les lois de finances successives ont imposé des plans d'économies drastiques. La Campanie a supprimé, en juin 2010, l'équivalent du revenu de solidarité active français, plongeant plus de 130 000 familles éligibles dans la misère.

Le revenu moyen dans la région était alors de 633 euros par habitant : aujourd'hui, la moitié des habitants estiment que leur situation s'est dégradée. "Les jeunes absorbent, à eux seuls, le coût de la plus grave crise économique de l'après-guerre", dit Sergio d'Angelo. 

"L'Etat qui abandonne ces gamins"

A Naples, les enfants des familles pauvres n'ont plus guère d'autre choix que de s'accrocher aux études ou de travailler au noir. Une troisième option est de rejoindre les rangs de la Camorra, la mafia napolitaine.

C'est contre ce choix brutal que se bat Giovanni Savino, 33 ans, éducateur spécialisé. Son domaine est l'un des pires quartiers de Naples : Barra, véritable supermarché de la drogue, une zone glauque, hérissée de tours délabrées sous l'emprise des clans de la Camorra.

Chaque semaine, Giovanni Savino se rend au collège Rodino, une école de la zone, plantée au coeur des HLM. Ici, le trafic bat son plein, et un enfant sur deux est absent plus de cent jours par an.

 

Selon la loi, après soixante jours d'absence, ils devraient déjà être expulsés. La directrice de l'école, Annunziata Martire, et l'éducateur luttent contre la montre : une fois par semaine, elle lui remet une liste d'absentéistes. Giovanni Savino a dix jours pour trouverune solution, avant l'intervention des services sociaux.

Le plus souvent, c'est lui qui se charge de leur faire passer le brevet des collèges en candidat libre, pour éviter qu'ils ne soient arrachés à leurs proches et placés en famille d'accueil.

Les fonctionnaires de la mairie n'osent plus s'approcherdes tours HLM et peu d'éducateurs sont capables, comme Giovanni Savino, d'entrer dans Barra.

 

Son association s'appelle Il Tappeto di Iqbal, le "Tapis d'Iqbal", du nom d'un enfant-esclave pakistanais qui s'est révolté et a été assassiné. Giovanni Savino est un homme en colère, contre les mafieux, contre une éducation défaillante, et contre l'Etat, "qui abandonne ces gamins". En Italie, il n'existe pas de guichet d'aide sociale.

Le soutien aux jeunes et aux familles dépend de l'énergie de 150 associations qui sont tributaires exclusivement des subventions versées par la mairie. Depuis la crise, le fonds d'aide sociale a été réduit de 87 %. Voilà deux ans que les vingt mille éducateurs de Campanie ne perçoivent aucun salaire et doivent s'endetter... pour travailler. Faute de financements, le Tapis d'Iqbal fermera ses portes.

"Ne dis pas à maman que j'ai un couteau"

Giovanni Savino a pourtant déjà arraché des dizaines de gamins de Barra à la convoitise d'employeurs peu scrupuleux ou de clans mafieux qui viennent ici recruter leurs futurs soldats.

Carlo est l'un des premiers rescapés. A 13 ans, enfant-tueur déjà tatoué, il rackettait, volait et poignardait à la demande du clan des Aprea. Quatre ans plus tard, Carlo est devenu le bras droit de Giovanni Savino, à qui il voue une loyauté absolue : "Il ne se contente pas de t’aider à décrocher le brevet des collèges. Il ne te lâche pas. Il m'a sauvé la vie."

Après Carlo, il y a eu Marco, cocaïnomane à 12 ans et abonné aux vols à la tire. Et Ciro, élève brillant, devenu serveur pour sauver sa famille prise à la gorge par des usuriers mafieux.

 

Du dernier, Pasquale, 11 ans, Giovanni Savino dit qu'il est son plus grand défi. Quand il l'a pris sous son aile voilà neuf mois, Pasquale avait quitté l'école et ne mangeait jamais à sa faim.

Pour aider sa famille, ce garçon de 1,30 mètre, au visage semé de taches de rousseur, déchargeait les caisses dans un supermarché. La nuit, il partait voler du cuivre sur les décharges ou dans les entrepôts de Trenitalia. "Tu prends le fil, tu le brûles, comme ça, puis tu le coupes pour en faire une pelote", dit-il, crâneur.

 

Avant de s'inquiéter : "Surtout, ne dis pas à maman que j'ai un couteau, hein ?" Dans le quartier de Barra, le cuivre et l'aluminium se négocient au noir à 20 euros le kilo. Et le trafic est l'affaire des enfants. Quand on lui demande ce qu'il veut faire plus tard, Pasquale devient soudain muet. Puis il pleure : "Je ferai ce que je peux."

 

Presseurop

Partager cet article
Repost0
10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 11:39
25 millions de chômeurs et l’eldorado allemand
3 avril 2012
Presseurop
Die Welt



    Die Welt, 3 avril 2012

    En février, le chômage a atteint son taux le plus élevé depuis 15 ans dans l’Union européen. Selon Eurostat, 10,2% des Européens sont sans emploi, soit 24,55 millions de personnes. Dans la zone euro, le taux est de 10,8%, c’est-à-dire 17,13 millions de personnes.

     

    Avec 5,7% (seuls les Pays-Bas, l’Autriche et le Luxembourg ont moins de chômage) l’Allemagne fait figure d’eldorado, et comme le titre Die Welt, "Berlin fait de la pub auprès des Européens" pour attirer de la main d’oeuvre.

     

    Dans certaines régions et secteurs professionels, l'Allemagne se trouve en situation de plein emploi et cherche urgemment de la main d'oeuvre étrangère parlant allemand. Un spécialiste de la migration cité par le quotidien estime toutefois que les attentes ne doivent pas être trop élevées : "L'Allemagne n'est pas le premier choix pour des travailleurs qualifiés, elle est en concurrence avec d'autres Etats". Cela concerne notamment les universitaires parlant anglais qui cherchent davantage un emploi en Grande-Bretagne. Berlin n'attend donc pas d'assaut massif de chômeurs grecs et espagnols, conclut Die Welt.

    Partager cet article
    Repost0
    10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 11:08
    REPORTAGE. Sernam : vers un nouveau "SeaFrance" ?

    Créé le 09-04-2012 à 08h55 - Mis à jour le 10-04-2012 

    Le transporteur pourrait mettre la clé sous la porte. Plus de 1400 emplois sont en jeu

    Manifestation des salariés de la Sernam à la Défense. (Capture d'écran)

    Manifestation des salariés de la Sernam à la Défense. (Capture d'écran)
    La Sernam, ancienne filiale de la SNCF spécialisée dans le transport de marchandises, est en redressement judiciaire depuis janvier. Seul repreneur en lice, Géodis (groupe SNCF) annoncera mardi s'il maintient son offre de reprise partielle de l'activité et d'environ la moitié des salariés. Pour sauver leurs emplois, ils se mobilisent depuis plusieurs semaines.
    "On ne sait pas comment on va être mangé"

    En région parisienne, le site de Valenton tourne au ralenti. Sur la plus grande plateforme du transporteur transitent les colis et palettes qui partiront au matin. Ces dernières semaines, les livraisons auraient diminué de près de 40%.

    Les salariés assistent impuissants au déclin de la firme. Guy Terro a 30 ans de maison. Le chef de quai est las des promesses. "Je suis angoissé. A 52 ans, vous vous posez des questions. On ne sait pas exactement comment ça va se dérouler. Comment on va être mangé". Les salaires sont garantis jusqu’en juin, au-delà, c’est l’incertitude. "Je travaille pour 5 personnes. Je ne sais pas ce que je vais devenir" se désole Douadi Benyoub, un autre "ancien", lui aussi père de famille.

    Crée en 1970, le Service National de Messagerie (Sernam) est cédé en 2006 au fond d’investissement Butler Capital Parterns. Fin 2011, Butler annonce son intention de se désengager, la Sernam n’étant jamais parvenue à l’équilibre depuis son rachat.

    "Geodis ou pôle emploi"

    Une centaine de salariés manifestaient mercredi à deux pas du Ministère des Transports. "SNCF, sauvez nos emplois !", "Géodis ou pôle emploi", sur les banderoles, des appels au secours. 2900 emplois pourraient être menacés directement ou indirectement par la faillite de la Sernam et de sa filiale Aster, selon la CGT et FO Transports.

    Après la neuvième réunion avec Géodis, mercredi, les syndicats sont pessimistes : "On ira clairement à la liquidation le 10, et donc au licenciement des 1441 salariés." affirme Maxime Dumont, secrétaire général de la CFDT Transports. L'offre de Géodis tient à la condition de la viabilité de la Sernam. Hors les finances du transporteur sont au plus mal. Si l'acquéreur se retire, le Tribunal de commerce de Nanterre pourrait prononcer la liquidation judiciaire lors de l'audience du mardi 10 avril.

    "Il ne faut pas dramatiser un tel scénario"

    Les propos de Pierre Blayau, PDG de Géodis, confirment l’inquiétude des syndicats. Dans un entretien au JDD, dimanche 08 avril, il évoque la situation financière de la Sernam, qui serait "plus mauvaise que prévu". "Certains clients sont partis à la concurrence" poursuit-il après avoir déclaré jeudi que "la moitié du chiffre d'affaires de Sernam s'est évaporé" au cours des dernières semaines. Vendredi, la direction de la Sernam a démenti une baisse de son activité, évoquant des "rumeurs volontairement destructrices".

    La SNCF et Géodis ont réaffirmé être en mesure de proposer "un millier d’emplois".

    A Valenton, on pense à SeaFrance. Après la liquidation en janvier de la compagnie maritime, la SNCF s’était engagée à reclasser les 880 salariés. Seuls quelques dizaines ont été réintégré au groupe à ce jour.

     

     

    Elena Brunet

    Par Elena Brunet, Nouvelobs.com

    Partager cet article
    Repost0
    10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 10:57
    Santé : ce sont les plus pauvres et les plus malades qui paient le trou de la Sécu

    Modifié le 06-04-2012 à 16h00, Nouvelobs.com

     


    LE PLUS. Alors que le PS et l'UMP bataillent à propos de l'augmentation des dépenses de santé, Philippe Batifoulier, professeur d'économie et membre des "économistes atterrés", souhaite que l'on arrête de se focaliser sur le déficit de la Sécurité sociale. Et que l'on se rende compte que ceux qui paient sont, injustement, les plus pauvres.

    Le système de santé français va mal, notamment parce que la prise en charge publique des soins est en recul. Depuis des années, nous assistons en effet à un transfert des charges de la Sécurité sociale vers les patients. Aujourd’hui, seuls 55% des soins courants sont remboursés par la Sécurité sociale.

     

    Carte vitale, feuille de soins et calculatrice (M.GILE/SIPA)

    Carte vitale, feuille de soins et calculatrice (M.GILE/SIPA)

     

    Qu’il s’agisse de l’augmentation du ticket modérateur, de la hausse du forfait hospitalier ou des franchises, les malades subissent un impôt sur leur consommation médicale, une sorte de TVA médicale. Certes, à chaque fois, il ne s’agit que d’un ou deux euros, mais le tout finit par peser sur leur budget.

     

    Les "mutuelles" reproduisent les inégalités


    Le désengagement de la Sécurité sociale transite par les assurances complémentaires, que l’on appelle couramment "mutuelles", davantage que par un reste à payer du patient, qui tourne autour de 9% des dépenses de santé. Cependant, les assurances complémentaires sont payées par les patients.

     

    De plus, elles sont très inégalement réparties : 7% des Français n’en ont pas et, pour ceux qui en ont, elles ne font que reproduire les inégalités. Chaque euro qui transite par les "mutuelles" est un euro d’inégalité. Car ceux qui ont des mutuelles couvrant bien leurs frais médicaux sont les mieux insérés sur le marché du travail, pas les plus malades.

     

    Le taux d’effort des patients est donc plus élevé parmi les plus pauvres, qui contribuent davantage à payer leurs propres soins. Cette inégalité d’accès aux soins est perçue par les Français comme une injustice.

     

    La maladie ne choisit pas ses victimes au hasard


    Ces inégalités d’accès aux soins se produisent dans un contexte marqué par des inégalités sociales de santé, c’est-à-dire des inégalités d’état de santé selon le niveau social. Statistiquement, la maladie ne choisit pas ses victimes au hasard : les plus pauvres sont davantage malades.

     

    Par exemple, on croit que la probabilité d’avoir un enfant qui naît prématuré est due à la nature. Mais il faut se dire que seules les femmes des catégories les plus aisées peuvent, si elles ont des problèmes de grossesse, rester allongées ; les femmes enceintes des catégories les plus modestes ne peuvent se permettre, elles, d’arrêter de travailler. Ce n’est pas non plus pour rien que le saturnisme, cette maladie d’intoxication au plomb, est appelé "maladie du mal logement".

     

    Ces inégalités sociales de santé s’ajoutent aux différences d’espérance de vie : les plus pauvres, au sein d’une vie plus courte, seront plus touchés par des problèmes de santé. Or, avec la privatisation de la prise en charge et le désengagement de la Sécurité sociale, on aboutit à l’équation suivante : plus on est pauvre, plus on est malade, moins on est couvert.

     

    Seuil couperet


    Ce système est non seulement inégalitaire et injuste, mais il est aussi inefficace. Par exemple, pour éviter d’avoir à payer son médecin de ville par chèque et d’attendre d’être remboursés, les malades dans le besoin vont se tourner vers l’hôpital – qui, s’il n’est pas gratuit, est moins cher et évite d’avancer les frais. Cela explique en partie l’engorgement des urgences. Prendre en charge les précaires coûterait moins cher à la collectivité.

     

    Car, pour pallier ces fragilités d’accès aux soins, l’État a mis en place la CMU-C, la couverture maladie universelle complémentaire. En-dessous de 647 euros par mois, on peut donc avoir droit à cette protection complémentaire, qui permet une prise en charge à 100% et une dispense d’avance de frais. Mais ce progrès social indéniable n’est en aucun cas une solution à long terme. Ce système engendre de nouvelles inégalités, en créant des effets de seuil à l’américaine.

     

    À 647 euros, on peut avoir droit à la CMU-C, mais plus à 650 euros : c’est un véritable couperet. Et ce alors que ce seuil ne correspond pas au seuil de pauvreté monétaire ni à certains minimas sociaux (minimum vieillesse, adulte handicapé). Les personnes un peu moins pauvres, qui ont pourtant les mêmes problèmes de santé, devront donc assumer elles-mêmes l’augmentation des tickets modérateurs et forfaits.

     

    Renoncer aux soins pour des raisons financières


    Il n’est donc pas étonnant que le taux de renoncement aux soins pour raisons financières soit en train d’augmenter. On constate aussi que de plus en plus de travailleurs pauvres se rendent dans les PASS (permanences d’accès aux soins de santé) pour se faire soigner.

     

    Une infirmière soigne une femme dans un PASS (permanence d'accès aux soins de santé), hôpital de la Conception, Marseille, le 17 janvier 2012 (A-C.POUJOULAT/AFP)

    Une infirmière soigne une femme dans un PASS, hôpital de la Conception, Marseille, 17 janvier 2012 (A-C.POUJOULAT/AFP)

     

    Et les tentatives de lisser les effets de seuil sont un véritable fiasco ! Le dispositif de l’Aide complémentaire santé (ACS), cette sorte de bon d’achat qui vise à permettre aux personnes un peu moins pauvres de s’acheter une mutuelle, n’est pas utilisée par près de 80% des personnes qui pourraient en bénéficier. Ce n’est pas une question d’information[1], mais bien plus une assimilation de ce dispositif à une stigmatisation.

     

    N’oublions pas que 25% des médecins parisiens refusent des soins aux bénéficiaires de la CMU-C. Tout simplement parce que la CMU-C rembourse à 100% les honoraires conventionnés et que beaucoup de médecins pratiquent le dépassement d’honoraires. Ces refus de soins alimentent la stigmatisation et font que l’ACS et la CMU-C ne sont pas des droits effectifs.

     

    La crise et le trou de la Sécu


    Ce système ne génère que des externalités négatives. Le désengagement des pouvoirs publics est construit sur une stratégie de baisse des dépenses publiques court-termiste. En réalité, on augmente les dépenses publiques : la CMU-C, l’ACS ne sont que des réponses au transfert de charges vers le patient et se présentent comme des tentatives d’enrayer des inégalités que le système a lui-même créées. Qu’est-ce que la société a à gagner au développement de ces maladies de la pauvreté comme la tuberculose ?

     

    Progressivement, la société civile commence à prendre conscience que la santé coûte de plus en plus cher et que le système est inégalitaire, injuste. Mais le fait que la solution passe par un rétablissement du service public n’est pas encore partagé par tous les Français. Cela suppose que l’on considère que la santé relève du bien commun. Or les thématiques néolibérales ont fortement développé l’individualisme.

     

    Et malheureusement l’idée fausse selon laquelle il faut limiter les dépenses pour combler le trou de la Sécu reste ancrée dans l’esprit des citoyens, comme si la Sécurité sociale était une gabegie financière. Bien sûr, le déficit existe, mais il est dû avant tout à une insuffisance de recettes. L’augmentation des dépenses de santé en France est très faible par rapport aux autres pays européens. Si le déficit a doublé de 2008 à 2009 et est passé à 20 milliards d’euros, ce n’est pas parce que les gens se sont décrétés malades, mais bien parce qu’il y a eu la crise.

     

    Il faut au contraire viser à une augmentation de la prise en charge – ce serait suicidaire de persister à la diminuer. Et surtout il faut restaurer une culture de service public, que l’État cesse d’arbitrer en faveur des segments les plus libéraux et des opérateurs privés qui développent une logique marchande. Il existe toujours des médecins qui considèrent qu’améliorer l’état de santé de la population est une composante essentielle de leur métier. Il faudra une volonté politique forte pour que leur voix se fasse entendre.

     

     

    -------------------------

    [1] Une expérimentation sociale a été menée à Lille pour savoir si le défaut d’utilisation de l’ACS est dû à un défaut d’information ou à un montant insuffisant. Il s’avère qu’avec une incitation financière, seuls 18,6% des gens demanderaient à en bénéficier, et qu’avec davantage d’informations et d’argent à la clef seuls 15,6% feraient la démarche, contre 15,9% pour le groupe témoin. Retour au texte.

     

     

    Propos recueillis par Daphnée Leportois

    Partager cet article
    Repost0